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Extrait de Machi-hoiku et Satoyama publié dans Paysage 2020 (La revue annuelle de l’Association des architectes paysagistes du Québec)

École maternelle Sazanami-no-mori

HIGASHIHIROSHIMA — HIROSHIMA
Design Divers
Terminé 1979-2017
Taille > 7500 m2
Terrain d’école Plusieurs bâtiments intégrés avec une cour, constituant un campus rural

Situé dans une zone agricole juste à l’extérieur de la ville d’Hiroshima, Sazanami-no-mori est un campus aménagé sur un terrain vallonné comportant des bâtiments à la fois couverts et ouverts sur le plein air, avec des connexions vers les rizières, les potagers et les forêts voisines. La propriété est en pente vers l’ouest et ne présente pas de bâtiments de grande hauteur; elle offre une vue dégagée sur les rizières et la forêt environnante. Le campus est doté de fonctionnalités conçues pour faciliter les échanges entre les enfants, les enseignants et les parents. Par exemple, le bâtiment communautaire peut être utilisé séparément par les parents et les membres de la communauté pour des réunions ou des consultations. En effet, il possède sa propre entrée, une cuisine ouverte et des installations sanitaires, et est accessible avec une clé, même lorsque le jardin d’enfants est fermé.

À notre arrivée à Sazanami, nous avons le choix d’entrer par l’accès public, les installations communautaires ou le bureau de l’école, d’où les enfants sortent dans la cour pour jouer ou se rendre au bâtiment où se trouve leur salle de classe. L’espace de jeux dans la cour est une vaste clairière inégale entourée des bâtiments de l’école et d’arbres. Dans la cour, divers éléments de jeu s’intègrent parfaitement au terrain, dont un vieux bateau à voile, des bûches de bois, un mur de pierre, une glissoire en talus, des tentes d’ombrage et un foyer. 

Bien sûr, j’ai été très surpris la première fois que j’ai vu des bambins attiser le feu dans la cour, mais ils étaient surveillés. Les avantages pour les enfants sont énormes : apprendre à faire et à contrôler un feu de camp n’est pas seulement un important facteur de confiance, mais il offre une multitude d’occasions d’apprentissage expérientiel fondées sur l’investigation; il ouvre également la voie au partage et au développement des compétences sociales. L’espace autour du foyer est un espace social où des liens se forment. Les compétences et les capacités acquises par les enfants autour du feu les aident à se préparer à de nouveaux défis au cours de leur existence.

Sazanami est entourée de rizières et de forêts, et se trouve en fait sur des terres louées d’une fiducie foncière locale. Pour sa part, l’école amène les élèves à marcher dans les rizières en terrasse, où elle les aide à planter et à participer aux coutumes et traditions locales. Les enfants entretiennent également quelques clairières dans les bois, dont l’une servant à la culture de bleuets et l’autre servant d’espace de jeux, où ils peuvent construire des forts, etc.

Lors d’une conférence donnée au Congrès ISGA (International School Grounds Alliance) 2019, le directeur de Sazanami, Motomi Namba, a parlé de l’importance accordée à la production alimentaire et à l’alimentation dans une présentation intitulée « Développer le sens du goût à Sazanami-no-mori ». Monsieur Namba a expliqué comment les parents mettent en commun leurs finances pour acheter du riz aux agriculteurs locaux pour les repas servis à l’école et comment les enfants récoltent et entretiennent eux-mêmes les cultures. Mais l’un des éléments clés de son discours – et de Sazanami – est l’importance pour les enfants de préparer et de manger ensemble leur nourriture. Sur le terrain, il y a des endroits pour s’asseoir, conçus pour grignoter ou déjeuner avec vue panoramique sur les potagers et les rizières. Mon fils a fréquenté une halte hebdomadaire à la maternelle lors de notre dernière visite. Il avait alors 3 ans et n’était pas un gros mangeur. Toutefois, lorsqu’un groupe d’enfants mangeaient le même repas à base d’ingrédients qu’ils avaient récoltés sur la terre voisine et préparés dans la cuisine, mon fils et ses compagnons mangeaient fort bien. En prenant le repas ensemble à l’extérieur, ils ont aussi pris conscience du temps qui passe, de leur environnement et des conséquences sur leur production et leur plaisir. Les concepteurs ont beaucoup à apprendre de cette approche.

Machi-Hoiku (街保育) et Satoyama (里山).

Extrait de Machi-hoiku et Satoyama publié dans Paysage 2020 (La revue annuelle de l’Association des architectes paysagistes du Québec)

À l’échelle mondiale, il existe une forte impulsion pour améliorer les espaces d’éducation de la petite enfance. Le Japon, en particulier, semble être à l’avant-garde de cet élan. Ces dernières années, j’ai eu la chance d’observer de près quelques-uns des incroyables espaces pour enfants qui existent là-bas. En novembre 2018, lors de la conférence de l’International School Grounds Alliance à Yokohama, au Japon, j’ai découvert certaines philosophies et approches inspirantes en matière de conception des espaces pour enfants. Deux concepts en particulier se distinguent en tant que puissants moteurs de design en lien avec les enfants : Machi-Hoiku (街保育) et Satoyama (里山).

Machi-Hoiku se traduit approximativement par garde d’enfants du village et s’explique mieux par le proverbe « Il faut un village pour élever un enfant ». Comme la plupart des centres d’éducation préscolaire du Japon sont de taille très limitée et que les communautés dans lesquelles ils sont hébergés disposent également d’un espace restreint, les enfants passent beaucoup de temps hors des cours d’école, dans la communauté, avec laquelle les centres d’éducation partagent espaces et ressources. Cette entente réciproque est si commune que les installations sont souvent conçues dans cette optique.

Le deuxième concept – Satoyama – évoqué à plusieurs reprises lors de la conférence, se traduit vaguement par village-montagne. C’est un concept très ancien et profondément enraciné au Japon. Quelque peu similaires au système anglais des espaces communs (the commons), les Satoyama sont des réserves agricoles et forestières qui appartiennent aux communautés qu’elles desservent, qui en assurent collectivement la gestion. De nombreuses écoles participent à ce système grâce à des activités telles que la plantation de riz dans les champs voisins.

Que ce soit intentionnellement ou par habitude, ces deux concepts alimentent la structure et la conception de nombreux centres pour enfants au Japon. Deux centres que j’ai visités, l’école maternelle Akishima Sumire et l’école maternelle Sazanami-no-mori, sont des exemples de Machi-Hoiku et de Satoyama appliqués à l’environnement bâti. Les deux centres pour enfants enrichissent les jeunes et la communauté grâce, en grande partie, à des espaces construits avec un but et un sens.

Machi-Hoiku et Satoyama ce ne sont pas des concepts pouvant résoudre tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés en tant que designers d’aires de jeux pour enfants, mais leur manifestation physique, les espaces communautaires dans les écoles et les potagers pour cultiver et manger ensemble peuvent être développés ici plus souvent. Il faudrait alors utiliser nos propres concepts pour créer des espaces conçus à cet effet, dans lesquels les enfants et les communautés pourraient grandir ensemble.

Extrait de Machi-hoiku et Satoyama publié dans Paysage 2020 (La revue annuelle de l’Association des architectes paysagistes du Québec)

École maternelle Akishima Sumire

AKISHIMA — TOKYO
Design Environmental Design Institute 
Terminé 2011 
Taille < 2500 m2 
Terrain d’école Bâtiments intégrés, aire de jeux et potager

Située dans un quartier résidentiel d’une banlieue de Tokyo, cette école maternelle comprend huit petits édifices séparés (ressemblant à des écoles de rang) au toit rouge, un pour chaque classe. Les huit bâtiments sont tous reliés par des « rues », c’est-à-dire des corridors qui constituent le « village des enfants ». En outre, le terrain de l’école comprend un bâtiment de jeux avec une salle de classe séparée, un vaste hall en bois, la symbolique tour Sumire et un bâtiment administratif, au toit rouge également. Reliés par des corridors extérieurs, les bâtiments sont regroupés comme un petit village. Chaque bâtiment fait face au jardin de la cour dans un style conçu pour être un environnement de détente reposant, entouré de verdure.

Nous accédons à l’école par la porte principale, qui s’ouvre sur le terrain de jeux. L’espace de jeux est ouvert et offre une vue sur tous les toits rouges, ce qui permet à la fois de se situer et de saisir l’ampleur et la profondeur du complexe. C’est une agora pour le jeu, un grand espace public où les enfants jouent et socialisent dans une ambiance détendue avant de se rendre dans leur maison école (écoles de rang). En traversant le terrain de jeux, nous commençons à voir les couloirs extérieurs qui relient tous les bâtiments de l’école, au rez-de-chaussée et au deuxième étage. Les couloirs du rez-de-chaussée relient tous les espaces publics aux bâtiments de l’école, tandis que les couloirs du deuxième étage relient tous les bâtiments de l’école à l’immeuble de bureaux, au hall principal ainsi qu’au rez-de-chaussée par une glissade et des escaliers. En nous dirigeant vers le couloir, notre regard est attiré vers le haut, la tour Sumire, le point culminant qui domine le hall. Mais cette vue va et vient lorsque nous passons sous les couloirs du deuxième étage, près des bâtiments de l’école le long des couloirs, en regardant les enfants à travers les fenêtres de la maison, en les entendant jouer d’un instrument lors de leurs cours de musique, etc. Une tour nous mène à une glissade en spirale, une autre à un lavabo. Le bassin est stratégiquement situé près de la porte d’un grand potager, ce qui permet aux enfants de cueillir et de laver facilement les légumes avant de les emporter à la cuisine pour préparer leur déjeuner. Le jardin est accessible à d’autres membres de la communauté, qui partagent leur expérience et récoltent les légumes avec les enfants.

Tout ce qui est décrit ci-dessus se produit à l’extérieur, à divers degrés, dans des espaces publics. La cour d’école est un espace public dans lequel les enfants peuvent jouer et développer leurs aptitudes sociales. Les couloirs des 1er et 2e étages aident les enfants à développer leurs compétences en navigation et leur sens de l’exploration, tandis que le jardin communautaire est l’espace dans lequel les enfants ont un contact direct avec la communauté, à la fois la terre et les gens. La disposition et la définition de l’espace évoquent le partage des ressources et de la production alimentaire en créant des espaces de connexion sociale et d’existence commune.

Le confort thermique, c’est-à-dire le confort lié aux températures ambiantes et aux conditions microclimatiques, des enfants et de leurs gardiens joue un rôle important lors de l’utilisation et l’expérience des aires de jeu. En effet, les conditions microclimatiques d’une aire (l’exposition au soleil, le mouvement de l’air, l’humidité et la température) affectent le confort thermique. Il est donc recommandé d’évaluer les aires de jeu existantes et de planifier les installations futures en prenant en considération les problèmes de confort thermique durant la gestion et la conception, en particulier compte tenu des impacts du changement climatique ces dernières années. D’ailleurs, la norme CSA Z614-20, qui va bientôt être publiée, comprendra une annexe non obligatoire à ce sujet. Voici quelques réflexions concernant les défis abordés dans cette annexe et les moyens de les atténuer ou de les éliminer.

Rayonnement solaire

Défi/Opportunité –

Exposition directe aux rayons UV et augmentation des températures sur les surfaces.

Suggestions –

Prévoyez de l’ombre, des arbres d’ombrage en particulier, pour bloquer le soleil au sud et au sud-ouest.

Les équipements tels que les glissoires en métal devraient être placés dans l’ombre et orientés vers le nord.

Le revêtement en caoutchouc, ainsi que les surfaces non perméables comme l’asphalte, devrait être ombragé.

Placez les aires de jeux de sable dans un endroit exposé au soleil et ratissez-les régulièrement, car les rayons du soleil débarrassent le sable des bactéries et des moisissures.

Vent/Ventilation

Défi/Opportunité –

L’air stagnant quand il fait chaud et le vent fort quand il fait froid peuvent diminuer le confort thermique.

Suggestion –

Laissez les vents dominants circuler en été avec des barrières et des clôtures qui ont des fentes de 89 mm ou moins.

En hiver, des vêtements d’hiver adaptés sont le meilleur moyen d’améliorer le confort, mais le froid peut aussi être atténué en créant des aires ensoleillées et en utilisant des plantes et des abris pour réduire le vent.

Évitez de placer les aires de jeux de sable dans des endroits venteux.

Température

Défi/Opportunité –

Les températures extrêmes réduisent le confort, la sécurité des jeux et le temps passé dans l’aire.

Suggestion –

En été, les plantes et l’ombre peuvent aider à rafraîchir les aires, alors que les matériaux de surface perméables comme la fibre de bois peuvent aider à réduire les températures des surfaces.

En hiver, des vêtements d’hiver adaptés sont le meilleur moyen d’améliorer le confort, mais le froid peut aussi être atténué en créant des aires ensoleillées et en utilisant des plantes et des abris pour réduire le vent.

Humidité relative

Défi/Opportunité –

Une humidité plus élevée réduit le confort thermique aussi bien par temps chaud que par temps froid.

Suggestion –

Aménagez stratégiquement l’espace pour laisser les vents dominants circuler dans l’aire de jeu avec des barrières et des clôtures qui ont des fentes de 89 mm ou moins.

Les chutes depuis les équipements de jeu sont la principale cause de blessures sur les terrains de jeu. Pour cette raison, la norme CSA Z614 détermine des critères pour entourer la base d’un équipement d’aire de jeu avec des matériaux absorbant les chocs. Les matériaux les plus courants sont la fibre de bois et le revêtement en caoutchouc synthétique.

La norme CSA fait référence à un mode opératoire d’essai qui utilise l’outil électronique Triax qui, lorsqu’on le fait tomber d’une hauteur donnée, mesure les propriétés de résistance au choc au contact du revêtement. La norme désigne différentes hauteurs dans l’équipement d’où effectuer les chutes (c.-à-d. les hauteurs de chute) et les relevés acceptables.

Pour les enfants âgés de 1 ½ à 5 ans, la hauteur de chute est la hauteur de la surface de la plateforme plus 72,5 cm supplémentaires et pour les enfants âgés de 5 à 12 ans, la hauteur de chute est la hauteur de la surface de la plateforme plus 95 cm supplémentaires.

Ces hauteurs de chute peuvent préoccuper les nombreux propriétaires ayant un équipement qui a été installé avant 2007. Ainsi, la norme actuelle Z614-14 comprend une clause précise qui stipule clairement que les essais de choc sur le revêtement doivent être « effectués depuis la hauteur de chute déterminée conformément à l’édition de la norme en vigueur au moment de l’installation ». Même si les critères de Z614-14 sont appliqués aux aires de jeu plus anciennes, la norme précise que la hauteur de chute est déterminée en fonction de la date d’installation.

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